Le projet pétrolier en Ouganda appauvrit des milliers de personnes, selon HRW
Des militants écologistes perturbent la réunion des actionnaires de TotalEnergies à Paris. /Photo prise le 25 mai 2022/REUTERS/Johanna Geron
KAMPALA (Reuters) – Un projet d’oléoduc destiné à aider l’Ouganda à exporter son brut vers les marchés internationaux a “dévasté” les moyens de subsistance de milliers de personnes qui ont été dédommagées de manière tardive ou inadéquate pour leurs terres, a déclaré Human Rights Watch (HRW) lundi.
Le groupe de défense des droits de l’homme a également déclaré que le projet, dans lequel TotalEnergies détient une participation de 62%, est un désastre pour la planète car il augmentera les émissions de gaz à effet de serre.
TotalEnergies a rejeté les accusations de HRW, affirmant respecter tous les droits des personnes concernées.
D’un coût prévu de 3,5 milliards de dollars, l’oléoduc est-africain (EACOP) transportera le brut des champs pétrolifères de l’ouest de l’Ouganda jusqu’au port maritime de Tanga, dans l’océan Indien, en passant par la Tanzanie, sur une distance de 1.445 kilomètres.
Les travaux préliminaires ont commencé au début de cette année et l’oléoduc devrait être achevé en 2025.
Les personnes déplacées par l’oléoduc ont reçu des indemnisations insuffisantes, versées avec des retards de plusieurs années, a déclaré HRW dans un communiqué.
“Le projet EACOP s’est avéré un désastre pour les dizaines de milliers de personnes ayant perdu un terrain qui fournissait de la nourriture à leurs familles et un revenu leur permettant d’envoyer leurs enfants à l’école, et qui ont reçu une indemnisation insuffisante de la part de TotalEnergies”.
HRW a déclaré avoir mené plus de 90 entretiens au début de l’année, notamment avec 75 familles déplacées dans cinq districts de l’Ouganda.
Un porte-parole de TotalEnergies a déclaré à Reuters que l’entreprise et ses partenaires s’engageaient à respecter les droits des personnes affectées par le projet, ainsi que son impact sur l’environnement et la biodiversité.
“Nous mettons tout en œuvre pour (que le projet) soit exemplaire en termes de transparence, de prospérité partagée, de progrès économique et social, de développement durable et de respect de l’environnement et des droits humains”, a déclaré le porte-parole, ajoutant que les personnes affectées étaient relogées dans des zones voisines et qu’elles bénéficieraient de meilleures conditions de vie.
Presque toutes les personnes affectées par le projet ont été indemnisées, a-t-il ajouté.
L’EACOP a déjà suscité des critiques de la part des défenseurs des énergies propres et d’autres groupes de défense des droits de l’homme, qui affirment que le projet a provoqué des déplacements massifs de population et qu’il détruira de nombreuses zones fragiles tout au long de son tracé.
Ces organisations ont appelé à ne pas contribuer au financement du projet, certaines banques s’engageant à ne pas participer à son financement.
HRW ajoute que le processus d’acquisition des terres pour le projet a “entraîné de graves difficultés financières pour des milliers d’agriculteurs ougandais, y compris de lourdes dettes pour les ménages”.
(Reportage Elias Biryabarema, Silvia Aloisi, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)