Vilnius transformée en forteresse pour le sommet de l’Otan
Un membre de l’Union des fusiliers lituaniens et un officier des gardes-frontières patrouillent le long de la frontière biélorusse à Kaniukai, en Lituanie. /Photo prise le 7 juillet 2023/REUTERS/Janis Laizans
par Andrius Sytas
KANIUKAI, Lituanie (Reuters) – L’Otan a transformé Vilnius en une forteresse défendue par des armements dernier cri afin de protéger le président américain Joe Biden et les autres responsables politiques des pays membres de l’alliance atlantique, réunis la semaine prochaine à seulement 32 km de la frontière avec la Biélorussie, alliée de Moscou.
Seize alliés de l’Otan ont dépêché en tout un millier de militaires pour sécuriser le sommet des 11 et 12 juillet qui se déroulera également à 151 km seulement du territoire russe. De nombreux pays membres ont également fourni des systèmes avancés de défense aérienne dont manquent les pays baltes.
“Il serait plus qu’irresponsable de ne pas avoir notre ciel protégé quand (Joe) Biden et les leaders de 40 pays arrivent”, a déclaré le président lituanien Gitanas Nauseda.
Les pays baltes de Lituanie, Estonie et Lettonie, autrefois sous contrôle russe mais désormais membres de l’alliance atlantique et de l’Union européenne depuis 2004, consacrent tous plus de 2% de leur produit intérieur brut à la défense, un poids supérieur à la plupart de leurs alliés de l’Otan.
Mais pour la région, qui regroupe une population d’environ six millions de personnes, cet effort est insuffisant pour financer des troupes importantes et pour investir dans ses propres avions de chasse ou système avancés de défense aérienne.
L’Allemagne a déployé 12 lanceurs de missile Patriot, utilisés pour intercepter les missiles balistiques et de croisière ou les avions militaires.
L’Espagne a apporté de son côté un système de défense aérienne NASAMS et la France des véhicules Caesar équipés de systèmes d’artillerie. La France, la Finlande et le Danemark sont en train de baser également des appareils militaire en Lituanie, tandis que le Royaume-Uni et la France fournissent aussi des systèmes anti-drones.
La Pologne et l’Allemagne ont envoyé par ailleurs des militaires spécialisés dans les opérations spéciales, appuyés par hélicoptère. D’autres pays envoient sur place des équipements afin de faire face à une attaque chimique, biologique, radiologique ou nucléaire.
VILNIUS PENSE AUSSI A L’APRES-SOMMET
Pour le président lituanien Gitanas Nauseda, l’ampleur de cet effort commun pour garantir la sécurité de l’espace aérien pendant le sommet prouve que l’Otan doit installer d’urgence des systèmes permanents de défense aérienne dans les pays baltes.
“Nous pensons à ce qui arrivera après la fin du sommet, et nous travaillerons avec les alliés afin de créer une force en rotation pour une protection aérienne permanente”, a-t-il dit à des journalistes.
Dans les villages proches de la frontière biélorusse, plusieurs habitants ont dit à Reuters se sentir totalement en sécurité, malgré l’offre de la Biélorussie, allié de la Russie, d’accueillir sur son sol des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner, car le pays n’est pas seul mais membre de l’Otan.
A l’aéroport de Vilnius, huit lance-missiles Patriot opérés par les Allemands étaient visibles, pointés en direction de Kaliningrad, en Russie. Deux autres étaient disposés en direction de la Biélorussie. Tous ces équipements sont opérationnels depuis vendredi matin.
La Lituanie a également triplé le nombre de garde-frontières aux limites de son territoire avec la Biélorussie et la Russie, appuyés par des officiers de Lettonie et de Pologne. Ces deux pays ont aussi envoyé des policiers pour aider Vilnius dans ses patrouilles et prévenir le risque de “provocation”, selon le chef des gardes frontières de Lituanie, Rustamas Liubajevas.
Des contrôles à la frontière entre la Lituanie d’une part, et la Pologne et la Lettonie d’autre part, ont également été réintroduits pour la durée du sommet.
Le centre-ville de Vilnius sera en grande partie fermé pendant l’évènement et le maire a conseillé aux habitants de prendre des congés à l’extérieur de l’agglomération pour éviter d’inévitables difficultés de déplacement.
(Avec Sabine Siebold et John Irish, Gilles Guillaume pour la version française)